Covid-19 : Entretien avec Benjamin Lemattre, expert comptable des commissaires-priseurs


Benjamin Lemattre, expert comptable pour le cabinet ECEP partage en exclusivité pour YAAM ses conseils aux maisons de vente pendant le confinement et vous prépare à la reprise.

Benjamin, en quoi consiste votre accompagnement auprès des commissaires-priseurs pendant cette période particulière ?   

L’accompagnement est dans un premier temps psychologique puis professionnel. La crise sanitaire sans précédent que nous vivons et l’arrêt soudain de toute activité sont sources d’inquiétudes pour les professionnels des ventes aux enchères. Ces derniers ressentent le besoin de se tourner vers leurs conseils et plus particulièrement vers leur expert comptable qui connait leur activité et leurs droits mieux que personne. Il est très rassurant pour un dirigeant de se tourner vers quelqu’un qu’il connaît bien, qui le connaît bien et avec lequel il a l’habitude de réfléchir en toutes circonstances.

Une fois cette prise de contact psychologique assurée, notre rôle est de proposer aux commissaires-priseurs une évaluation de l’impact financier de la crise sur leur société. La question à se poser est de savoir ce que les sociétés de ventes doivent faire à très court terme pour survivre pendant cette période de crise, mais également comment préparer l’après, lorsqu’il faudra reprendre une activité normale et commencer à rembourser les retards de paiement. Les impacts humains et financiers doivent être évalués avec rapidité et justesse par des professionnels expérimentés, d’autant que l’activité des commissaires-priseurs est aux arrêts conformément à la demande du Conseil des Ventes de stopper toute vente publique.

En dernier lieu, nous réfléchissons aux modalités de mise en œuvre des solutions et accompagnons les dirigeants dans celle-ci notamment en ce qui concerne les discussions bancaires. La plupart des mesures de court terme résultent des mesures gouvernementales, mais la réussite de leur application nécessite de constituer des dossiers bien étayés pour ne pas se faire retoquer dans ses demandes. C’est le cas de la mesure la plus demandée par les commissaires-priseurs : la mise en activité partielle de leurs salariés. Cette demande doit être dûment justifiée et préparée avec suffisamment de soins pour ne pas être refusée. Cette mise en activité partielle peut être demandée par la totalité des commissaires-priseurs.

En revanche, les autres aides sont à envisager au cas par cas :

  • Pour ceux qui ont la crainte de voir leur trésorerie s’étioler de façon trop importante, il est possible de prévoir le report des échéances de prêts bancaires et de loyers (report également possible pour les factures de gaz et d’électricité),

  • Pour les professionnels impactés plus durement par la crise, il peut être intéressant de solliciter un prêt garanti par l’État. Là encore, toute demande doit s’accompagner d’un dossier d’analyse financière et d’un argumentaire recevable par les banques et par la BPI.

 

L’accompagnement sera au cas, par cas suivant la situation de la société, son histoire et celle de ses dirigeants. L’essentiel est d’avoir un conseil qui vous connaît bien et qui connaît vos besoins.

 

Quel serait le conseil essentiel que vous pourriez donner à votre client commissaire-priseur en ce moment ?

Le conseil que nous donnons systématiquement à nos clients commissaires-priseurs et qui est plus que valable en ce moment, c’est de suivre scrupuleusement leur trésorerie.

Ce suivi est primordial et a deux intérêts principaux :

  • Il permet de connaître à tout instant la véritable situation financière de la structure. Il ne faut pas oublier que les commissaires-priseurs sont des intermédiaires : la trésorerie dans les livres de la société n’appartient pas en totalité à l’office, mais également aux clients vendeurs, aux acheteurs à rembourser, en taxe sur les objets/métaux précieux, en droit de suite…. Suivre sa trésorerie, c’est s’assurer que la structure finance son exploitation avec ses propres deniers.

  • L’activité des commissaires-priseurs est irrégulière. Il est donc difficile d’en faire une estimation à moyen – long terme, encore plus dans le contexte actuel. Il est important que chaque structure ait un matelas de trésorerie de côté pour se prémunir pendant les périodes creuses.

« Suivre sa trésorerie, c’est s’assurer que la structure finance son exploitation avec ses propres deniers. »

Dans la situation actuelle, la mise en place d’un outil d’analyse et de prévisionnel de trésorerie s’avère plus importante que dans le contexte habituel où l’importance des flux gérés peut parfois donner une impression de richesse un peu trompeuse. La situation est très difficile au plan humain, au plan financier, elle impose une rigueur dans l’analyse de la trésorerie qui peut paraître un peu nouvelle dans ce secteur d’activité. Elle contraint à réfléchir, à prendre des mesures et à se projeter à un horizon de 3 – 5 ans. Ceux qui réagiront de cette manière ne sortiront pas forcément plus vite de la crise que les autres mais ils en profiteront pour se repositionner et se transformer, ce qui les rendra plus forts dans 5 ans.

 

Contre quel écueil mettriez-vous en garde les commissaires-priseurs ?

A mon avis, le suivi d’une activité de commissaire-priseur ne doit pas se limiter à la constatation d’un résultat, éventuellement distribuable en fin d’année. C’est une activité qui mérite un suivi détaillé et un pilotage précis. C’est le point qui nous semble vraiment critique aujourd’hui et dont cette crise rend le besoin encore plus criant : le secteur doit systématiquement mettre en place une comptabilité analytique permettant de connaître la rentabilité de chacune des ventes et d’en extraire la typologie des produits les plus rémunérateurs.

« On n’ est plus à une époque où on peut naviguer à vue. »

Cette mise en place est aujourd’hui une nécessité vitale pour identifier ces bonnes marges, et ainsi permettre de faire des choix comme par exemple recentrer l’activité sur les ventes les plus rémunératrices, se comparer dans le temps, se fixer des objectifs… On n’est plus à une époque où on peut naviguer à vue.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le cabinet ECEP ?

Le cabinet ECEP est une structure indépendante. Il est géré par Pierre-Vincent Debatte qui a un profil atypique car il a été 20 ans patron d’ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire). C’est ce qui lui permet aujourd’hui de se mettre facilement à la place des clients.

Le positionnement du cabinet ECEP est de se baser sur une équipe stable de collaborateurs bien formés afin d’être en capacité de donner un véritable accompagnement sur mesure aux dirigeants de PME (Petite et Moyenne Entreprise) et de TPE (Très Petite Entreprise) dont nous souhaitons être très proches.

Nous accompagnons les dirigeants dans toutes les étapes de leur vie professionnelle et sommes particulièrement attentifs aux moments clés de la vie des entreprises. Notre champ de compétence et d’intervention est très large et inclut les situations spéciales, les difficultés, le financement, mais aussi des choses beaucoup plus positives comme les restructurations, les rapprochements, les acquisitions, etc.

Nous avons développé une bonne expertise dans le secteur des ventes et capitalisons particulièrement sur une approche sectorielle de notre développement commercial. Il va sans dire que le secteur des ventes aux enchères en fait partie. 

Merci à Benjamin Lemattre pour sa participation.


 

Cabinet ECEP

4 Rue Lhomond, 75005 Paris

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